Ty Journal de janvier 2024 – En hiver

L’hiver à Meneham

L’hiver est (enfin) là ! Une vague de froid s’abat sur toute l’Europe, comme en Bretagne. Sur nos côtes, balayées par le vent et la pluie dernièrement, un peu de froid sec accompagné de soleil va nous revigorer… et nous donner envie de se blottir près du feu, une tasse de boisson chaude à la main et un plaid tout doux sur les jambes.

Nous allons explorer dans cet article comment les habitants de Meneham passaient l’hiver et vivaient le changement d’année.

Se chauffer à Meneham

© Archives de Kerlouan

Pour surmonter l’hiver, il faut tout d’abord souligner la spécificité des maisons du village en pierre et en toits de chaume. Ce matériau de faible coût, fait en paille de seigle, de blé ou de tiges de roseau, offre certains avantages, notamment une bonne isolation thermique afin de conserver la chaleur uniformément.

Les maisons étaient également conçues de manière à recevoir peu de lumière extérieure (seulement venant du sud) et ainsi étaient plus faciles à chauffer.

Deux cheminées chapeautaient les pignons des toits. Le soir, les familles appréciaient grandement “l’éclairage vivant et dansant des flammes de la cheminée”.

© Claude Le Gall
© Archives de Kerlouan

Pour alimenter les cheminées, les hommes du village devaient aller jusqu’à Dirinon pour récupérer du bois. Un périple en partant d’ici à pied jusqu’à la gare de Plounéour-Trez où le train les amenait à Landerneau pour ensuite continuer leur marche (avec les victuailles nécessaires au voyage).

Durant deux à trois semaines, ils étaient accueillis chaleureusement dans une propriété pour couper le bois, le mettre en fagots et le transporter. Le transport pour retourner les fagots de bois était fait au printemps grâce aux charrettes.

Les préparations des repas étaient aussi une source de chaleur, mêlant bonne odeur et réconfort. À cela s’ajoutait la chaleur humaine créée par les nombreuses générations vivant dans le même foyer.

Passage à la nouvelle année

Changer d’année est un rituel de passage accompagné des fameux souhaits qui s’est démocratisé en fête populaire dès 1915. Une façon de transmettre un message bienveillant, généreux et synonyme de renouveau. D’ailleurs, chez nous – à Meneham, le premier (parmi les enfants) qui souhaitait la bonne année dans la maison avait droit à deux petits jésus en sucre, […] il fallait se lever de bonne heure.

En Bretagne, la passation se faisait notamment par la “Kef nedeleg” (bûche de noël en breton), brûlée lentement à compter du 25 décembre jusqu’au jour de l’An : Kalanna en breton, voire jusqu’à l’Épiphanie. Les cendres de cette bûche avaient, il parait, des vertus bienfaisantes : purifier l’eau de la maison et protéger cette dernière contre la foudre ou les serpents, pour l’année à venir. 

Petite subtilité bretonne à l’Épiphanie, la galette des rois d’ici ne contenait ni frangipane ni pâte feuilletée mais était sablée, simplement faite de farine et de beurre à l’instar du gâteau breton. Le tout accompagné du “gwir kafe” (café véritable en breton) de la nouvelle année, partagé en famille, entre amis ou voisins. Toutes ces traditions d’hiver (qui continuent en février avec la Chandeleur) montrent comment nous aimons nous retrouver en famille, entre amis pour des moments chaleureux, réconfortants et plein d’espoir.

Temps des résolutions

C’est en Genver (janvier en breton), qu’il est de tradition de prendre de (bonnes) résolutions (ou pas). L’origine viendrait de l’Antiquité mais elle se précise chez les Romains avec Janus, dieu des passages et des commencements. Ce “gardien des portes” pouvait garantir une nouvelle année meilleure que la précédente, grâce à des offrandes telles des résolutions d’espoir…

Ici, la vie ne changeait pas d’année en année, elle suivait son cours, au fil des marées, des saisons de récolte, du climat, des naissances, des mariages et des décès… Les années passaient et se ressemblaient, ce qui donnait la force aux habitants de se rassembler et de s’entraider. Résolument attachés à leur village, ils menaient une vie bonne et simple, sans les préoccupations et injonctions d’aujourd’hui.

“Ce village représentait pour nous, si rude y fut la vie, la sécurité et le bonheur.”

Marie Guillerm

Leur seul espoir était que ce dernier perdure. L’histoire et la société moderne en ont décidé autrement, en termes de vie rurale et communautaire.

Le village de Meneham a cependant pris un nouveau départ pour continuer de cristalliser l’Histoire, les histoires des gens d’ici et notre histoire commune actuelle.

© Archives de Kerlouan

Afin d’écrire cette histoire ensemble, dites-nous ce que souhaiteriez pour le site de Meneham en 2024 ?

* Les citations sont tirées du livre « Meneham, berceau de mon enfance. De 1846 à 1996 » de Marie Guillerm, épouse Kerbrat